Lu sur le site www.lefigaro.fr le 27/01/2014 (Lâchées pour la paix en Ukraine, les colombes du pape attaquées dans le ciel romain):
"Les superstitieux verront sans nul doute dans cet aléa de la vie sauvage un mauvais présage quant à l'évolution des événements en Ukraine. Deux colombes, symboles de la paix, ont été lâchées dimanche du balcon du palais apostolique de la place Saint-Pierre par deux enfants, lors de la prière dominicale du pape François. Dans une scène qui a fait le tour du monde, les volatiles ont été attaqués, dès le départ du Saint-Père et des enfants, par un goéland et un corbeau. La colombe aux prises avec le goéland a réussi à se dégager en perdant quelques plumes au passage. Mais sa comparse malmenée par le corbeau a dû subir plusieurs coups de bec avant d'échapper à son prédateur". L'article se termine ainsi: "Le duel aérien entre les colombes et leurs assaillants a marqué les esprits. «Si quelque chose de terrible survient, on ne pourra pas dire qu'il n'y avait pas des signes avant-coureurs», commente leNew York Magazine qui titre «Des oiseaux de toute évidence diaboliques attaquent les colombes pacifiques du Pape»".
On se doute que le journaliste américain qui parle "des oiseux de toute évidence diaboliques" le fait pour plaisanter, de même que l'idée d'un "mauvais présage" de l'article français. En tout cas, cela nous donne l'occasion de clarifier un point particulièrement important de l'Ancienne Tradtion européenne. Pour nous polythéistes européens, les signes, présages, augures et autres manifestations naturelles de la divinité font partie intégrante de la relation entre l'homme et le divin. Au contraire de toutes les religions monothéistes qui condamnent avec la plus grande violence les pratiques divinatoires quelles qu'elles soient, l'Ancienne Tradition européenne a toujours eu recours à cette partie certes assez étrange de ce que l'on pourrait appeler la science sacrée.
Il n'est pas besoin de rappeler dans les détails (on le fera dans un prochain billet) que les Romains pratiquaient la science augurale par l'observation attentive du vol des oiseaux ou de leur comportement (ils auraient été gâtés dans ce cas!), que les Germains pratiquaient la divination par les Runes, les Celtes par les Oghams et que les Grecs consultaient les Pythies dans les sanctuaires d'Apollon. Toutes ces pratiques procèdent de la même croyance dans la possibilité d'établir un contact direct avec la divinité et sa volonté par le biais de ses manifestations naturelles. C'est une des différences essentielles entre notre Tradition et les religions monothéistes qui ne visent pas à une communauté entre les hommes et les dieux, mais à une soumission des hommes à un dieu unique.
Si l'on examine (avec la prudence requise par cette exercice) les signes envoyés lors de ce fameux lâcher de colombes, on peut faire les observations suivantes :
-tout d'abord, le lieu est très significatif puisqu'il s'agit de la ville de Rome, qui a été fondée en -753 par Romulus, à la suite d'une cérémonie religieuse de consultation augurale par l'observation de 12 vautours.
-ensuite les oiseaux à proprement parler. Les colombes ne font pas de difficulté, elles symbolisent la paix chrétienne, raison pour laquelle le pape a fait procéder à leur lâcher par deux jeunes enfants. En ce qui concerne le corbeau et la mouette, on remarquera que tous deux sont liés solidairement à la lumière, la mouette parce que dans un certain nombre de légendes elle est le premier propriétaire de la lumière du jour, le corbeau parce qu'il apparaît souvent comme celui qui vient délivrer cette lumière que la mouette gardait pour elle, en faisant profiter l'ensemble de l'humanité. On peut ajouter mais c'est assez évident pour des pratiquants de l'Ancienne Tradition européenne que les corbeaux sont les oiseaux d'Odinn, leurs noms signifiant "pensée" et "mémoire".
-enfin, on observera que le pape François lui-même ne dispose pas de très bons signes. La foudre est tombée sur la basilique Saint-Pierre le jour même de la démission de son prédécesseur, Benoît XVI...
Ceux qui sont intéressés par l'approfondissement du symbolisme de la mouette et du corbeau peuvent se reporter au livre de James George Frazer: Mythes sur l'origine du feu.